Le mystère est enfin résolu

L’équitation, monter à cheval, est une anomalie dans l’évolution. Avez-vous déjà vu un lièvre transporter un renard sur son dos, un hibou, construire son nid avec l’aide d’une souris? Alors, expliquez-moi comment nous en sommes arrivés à nous asseoir sur le dos d’un cheval!

L’humain est un prédateur. Nous avons traversé les âges en tuant pour survivre, et peu importe notre désir de respecter la vie, peu importe le virage « végano-écologico-respectueux » que nous désirons actualiser dans nos vies, il reste que notre ADN est plein du sang des autres. Il reste que nos yeux sont sur le devant de nos têtes et qu’ils servent à viser un objet plutôt qu’à capter l’ensemble de notre environnement. Il reste que notre système nerveux a plus souvent le réflexe d’attaquer que de fuir.
Que nous ne le voulions ou non, nous avons le réflexe de dominer, de prendre possessions, de déployer notre pouvoir sur l’autre. Notre approche face à l’autre est rattachée à l’assouvissement de nos besoins, nous sommes intéressés par ce qui comble et qui calme l’alerte d’un désir non comblé.

J’imagine un humain assis près de sa caverne sur le haut de sa colline en train de regarder un troupeau de chevaux sauvages traverser la prairie en contre-bas. Que s’est-il passé pour qu’il désire connecter avec ces bêtes? Clairement, il n’avait pas faim et son attention n’était pas détournée par les gargouillis de son ventre!

Quel aspect de ses créatures a intrigué l’homme suffisamment pour qu’il désire créer un lien?

À quel moment s’est installée la curiosité nécessaire à la rencontre? Qui a fait les premiers pas?

Je sais, pour avoir animé des groupes où je propose la rencontre entre chevaux et humains, que l’homme a un très grand besoin d’être vu, d’être reconnu. Je sais aussi que l’attention curieuse, ouverte et sans jugement du cheval provoque toujours une émotion chez l’humain auquel elle se destine. Le regard du cheval provoque une forme d’envoûtement, d’attraction presque irrésistible, comme le chant d’une sirène. C’est comme de boire un élixir qui nous permet d’être soi-même, sans masque et sans artifice.

Je ne comprends pas le mystère qui entoure la rencontre originelle entre l’homme et le cheval, mais mon petit doigt me dit que le cheval n’est pas un acteur passif dans cette histoire. Même si son alliance avec l’homme a trop souvent été souffrante, à un moment de l’histoire, le cheval a permis à l’homme de le fréquenter, de le côtoyer. Il lui a ouvert son cœur. Le cheval à travailler la terre et transporter les récoltes. Il a fait la guerre, fait parader des rois. Il a accepté de sauter plus haut, de courir plus vite… tout ça avec l’homme…

Et c’est ça le vrai mystère… comment a t-il fait pour ouvrir son cœur à l’adversité, aux êtres qui lui font peur, comment est-il resté avec nous malgré avoir été enchaîné, rabaissé, harnaché comment malgré tout ça, est-il resté curieux, résilient, connecté? Lorsque mon cheval vient souffler dans mon cou et m’offre son amitié, je me demande sincèrement : qui est le plus fort, qui est le plus serein, qui est le plus libre? Mon petit doigt me dit que le mystère est enfin résolu…

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