Les chevaux ont l’instinct grégaire, c’est-à-dire qu’ils vivent en groupe afin d’être plus en sécurité et ainsi augmenter leur chance de survie. Les chevaux sont des proies, le fait de vivre ensemble et d’adhérer à une organisation sociale leur a permis de traverser les âges.
L’humain aussi a l’instinct grégaire. Tout comme les chevaux, nous avons besoin d’avoir une place dans un groupe, d’être utiles, de jouer un rôle. Le fait de vivre en société nous apporte nous aussi une sensation de sécurité. C’est peut-être parce que les chevaux et les hommes sont grégaires qu’ils se côtoient depuis la nuit des temps?
L’instinct grégaire est inscrit dans notre ADN et nous chuchote à l’oreille certains comportements tels que faire comme les autres – sans nécessairement réfléchir à la pertinence de nos actions, accepter la guidance de leader – bien intentionnés ou non, et obéir à la force du nombre.
Et voilà qu’un virus se pointe le bout du nez et que nos leaders nous disent de nous confiner. Ils affirment que le danger réside maintenant dans le fait de vivre ensemble et d’avoir des contacts humains. Notre instinct grégaire en est tout retourné et s’ensuit une panique dans nos circuits électriques. Notre ADN est en alarme, notre subconscient collectif est en déroute, la folie nous guette.
Les chevaux ne rencontrent pas ces problèmes. Ils ne discutent pas de règles sanitaires, de la liberté de choix et…ne fête pas Noël. Leur intelligence, bien différente de la nôtre, ne leur a pas permis de développer des concepts tels: l’adoration de l’Enfant Jésus, les vendredis fous ou les réveillons de Noël. Pour eux, le 24 décembre est un soir comme les autres.
De notre côté, nous les humains, avons non seulement un instinct grégaire, mais nous avons aussi des valeurs. Les valeurs nous sont dictées par notre milieu familial et par notre société. Le fait d’être en accord sur des valeurs communes rend nos sociétés fonctionnelles, voire harmonieuses. Cela explique l’inconfort et l’irritation de certains lorsque des individus déstabilisent ou remettent en question l’échelle des valeurs établie.
L’une de nos valeurs est la conformité. La conformité modère nos actions, nous convie à gérer nos pulsions afin de ne pas blesser les autres, nous invite à l’autodiscipline et à l’obéissance. C’est à cette valeur que nos dirigeants s’adressent lorsqu’ils nous demandent de rester chez nous et de réduire nos contacts avec les autres.
Mais voici qu’en cette veille de Noël, une autre valeur émerge et veut prendre de la place en tassant du coude la conformité : la tradition. La tradition, c’est la transmission continue d’un contenu culturel. C’est un héritage immatériel qui prend place dans notre subconscient collectif et fait vibrer notre petit enfant en nous.
Le combat ne peut être évité; la conformité et la tradition rentrent dans l’arène. C’est la guerre des titans! C’est un affrontement irréconciliable qui nous poussera irrémédiablement vers le jugement et même le mépris. Le grand gagnant de cette bataille est bien sûr l’incohérence. Cette incohérence qui fera enlever les masques pour saluer un être cher tout en exigeant de le porter devant des petits poupons en apprentissage du langage. Ou aux prêcheurs de grands principes qui ne les respecteront pas dans l’intimité de leur propre foyer.
Le grand gagnant de cet affrontement c’est bien l’incohérence, mais aussi la polarisation. La polarisation des opinions, la rigidité des convictions. Je ne sais plus où donner de la tête, qui croire et qui suivre. Je ne veux pas que l’on m’empêche de prendre un petit enfant dans mes bras, je ne veux pas être la porteuse de la maladie qui fera peut-être mourir mes grands-parents.
Je reviens dans le champ, les chevaux mangent leurs foins tranquillement sans se soucier de tout ça. À vrai dire, ils ne s’inquiètent pas tant de la mort ni de comment elle arrivera. Les 4 sabots bien campés dans le moment présent ils vaquent à leurs occupations de maintien de leur espèce. Maintien de l’espèce, il me semble que sur ce point-là aussi j’ai des croûtes à manger et des réflexions à faire…
Quand je regarde l’harmonie et la cohérence du troupeau de chevaux, je me dis que c’est Quincy, la jument dominante, que nous devrions élire à la tête du gouvernement. Un cheval à la tête du gouvernement, cette pensée troublante et déroutante me fait sourire.
Imaginez-vous un monde sans jugement, sans rancune, sans mensonges, un monde où chacun à sa place et un rôle a joué. Un monde qui rassemble au lieu d’exclure, un monde qui ne prend pas de décisions basées sur le bien d’une seule espèce et qui respecte la diversité et la fragilité de son environnement. Oui je sais c’est utopique et complètement fou, mais folle je le suis devenu de toute façon avec cette histoire de COVID.
Je vais donc aller fêter Noël dans l’écurie en mangeant des pommes avec mon amie Quincy!
Joyeux Noël!!!
